Coluche, c’est une vie de rires et de combats. Humoriste iconoclaste et figure emblématique de la culture française, Michel Colucci, dit Coluche, a marqué son époque par son humour caustique, son franc-parler et son engagement. De ses débuts sur scène à sa fin tragique sur les routes du sud de la France, retour sur le parcours d’un homme qui a su faire rire tout en dénonçant les injustices sociales.

Des origines modestes à la gloire des planches

Né en 1944 à Paris d’un père italien et d’une mère française, Michel Colucci a grandit dans un milieu ouvrier. Après divers petits boulots, il s’est lancé dans le café-théâtre au début des années 1970, c’est à cette époque que je l’ai connu. Avec sa salopette bleue, son visage poupin et son parler populaire, il a crée un personnage immédiatement reconnaissable. Son humour provocateur, qui prenait pour cible les politiques, les bourgeois et tous les détenteurs de pouvoir, lui a rapidement valu un succès considérable. Ses spectacles faisaient salle comble et ses passages télévisés devenaient des événements.

L’engagement politique et humanitaire

En 1981, Coluche a surpris en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle « pour faire marrer les gens ». Mais derrière la plaisanterie se cachait une véritable critique du système politique. Bien que finalement retiré de la course, il obtint un soutien significatif dans les sondages. Son engagement prit une nouvelle dimension en 1985 avec la création des Restos du Cœur, initiative visant à distribuer des repas aux plus démunis. Il disait : « Je ne veux plus voir de mecs crever la dalle« , et lançait une œuvre qui perdure aujourd’hui et aide encore des millions de personnes chaque année.

Une carrière cinématographique prometteuse

Si Coluche était avant tout un homme de scène, il s’illustrait également au cinéma. Il démontra ses talents d’acteur dans des films comme « L’Aile ou la Cuisse » aux côtés de Louis de Funès. Mais c’est son rôle dramatique dans « Tchao pantin » de Claude Berri en 1983 qui révéla une autre facette de son talent. Son interprétation d’un pompiste alcoolique et désabusé lui valu le César du meilleur acteur, prouvant qu’au-delà du comique, Coluche était un véritable artiste.

 

Une fin brutale et un héritage durable

Le 19 juin 1986, à l’âge de 41 ans, Coluche trouva la mort dans un accident de moto sur une route du Var. Cette disparition brutale provoqua une onde de choc en France. Lors de ses obsèques, une foule immense vint lui rendre hommage, témoignant de l’amour que lui portait le public. Près de quarante ans après sa disparition, son influence reste considérable. Ses sketches continuent de faire rire, son engagement humanitaire perdure à travers les Restos du Cœur, et son esprit frondeur inspire encore de nombreux humoristes. Coluche a su, comme peu d’artistes, allier le rire à la réflexion sociale, laissant une empreinte indélébile dans la culture française.

Polémiques autour de l’accident de moto qui a causé la mort de Coluche

Le 19 juin 1986 dans l’après-midi, Coluche est donc décédé au guidon de sa moto. Cela a suscité de nombreuses controverses et théories du complot. Voici les principaux éléments de la polémique.

Voir la vidéo originale sur le site de l’INA – Décès de Coluche : témoignage du chauffeur et récit de l’accident

Circonstances de l’accident de Coluche

Coluche circulait à moto entre Cannes et Opio, accompagné de deux amis. Il a percuté un camion qui effectuait une manœuvre sur la route, ce qui a entraîné sa mort instantanée. Le chauffeur du camion, Albert Ardisson, a été jugé responsable de l’accident en raison d’une imprudence de conduite.

Théories du complot autour de la mort de Coluche

Certains, dont les auteurs Jean Depussé et Antoine Casubolo dans leur livre « Coluche, l’accident », ont avancé l’hypothèse d’un assassinat politique. Ils suggèrent que Coluche aurait été éliminé par des « services spéciaux » en raison de son influence et de ses critiques du gouvernement. Ces théories s’appuient sur des témoignages anonymes et des incohérences supposées dans l’enquête officielle.

Dans leur livre, les auteurs parlent de deux protagonistes qui auraient été au courant de l’organisation du présumé assassinat.

« Serge l’Arménien » en écrivant ceci page 141, je cite :

« Il s’est levé pour me serrer la main et tout d’un coup, sûrement ma phrase venait de percuter son tympan, il s’est figé et m’a tourné le dos en hurlant : « Quoi Coluche ? Mais vous me faites tous chier à la fin avec ce connard. J’y peux rien, moi, ils ont pris ma baraque comme QG, ces enculés ! Tu crois qu’ils m’ont demandé m’on avis ? »
Toujours le dos tourné, l’Arménien me montrait sa piscine. « Ces fumiers, ils m’ont balancé des clopes dans l’eau pendant un mois ! Ils marchaient partout avec leurs gros panards, en plus ils se tapaient mon scotch et tout. Pour finir, ils flinguent le mec et se rabattent chez moi ! »
Puis l’Arménien s’est tourné. À ma gueule ébahie il a compris que je n’étais pas au courant pour Coluche.

Malheureusement, cette prétendue discussion ne se serait tenue qu’entre quatre yeux qui ne sont plus là aujourd’hui.

Et un certain « Sébastien et le dossier Montorgueil », page 157, je cite :

« C’était un film ! Un vrai scénario ! Raconte Sébastien à Jean. Rien que le nom de code à la première page : « Opération Montorgueil ». Ça parlait d’un attentat, avec le nom de Koluche à chaque page, toujours écrit avec un K. Tu comprenais que c’était lui qui allait rentrer dans le camion. À un moment donné : point d’impact, tac, tac… »

Malheureusement encore, le dossier est introuvable, détruit puis dupliqué puis enterré par peur de représailles.

Il existe un site pour un ultime appel à témoins https://coluche19061986.net/ dans lequel on retrouve une partie Documentation avec les audios ci-dessous :

Décès de Coluche : controverses et enquêtes

Les théories du complot ont été alimentées par des éléments tels que la disparition de certaines pièces à conviction et des témoignages contradictoires. Cependant, aucune preuve concrète n’a jamais été apportée pour étayer ces allégations, et l’enquête officielle a conclu à un accident causé par une erreur humaine.

Impact et héritage de Coluche

La mort de Coluche a laissé un vide dans le paysage humoristique et politique français. Ses initiatives, comme les Restos du Cœur, continuent d’avoir un impact significatif. La polémique autour de son accident a contribué à entretenir le mythe de Coluche, souvent perçu comme un trublion politique et un défenseur des causes sociales. En résumé, bien que des théories du complot persistent encore aujourd’hui – avec un espoir de les voir aboutir fondant comme neige au soleil au fil des années qui passent – l’enquête officielle a conclu que la mort de Coluche était due à un accident de la route causé par une imprudence du chauffeur du camion.

 

Mon avis sur l’accident de Coluche

J’ai longtemps été intrigué par cette affaire. J’aimais beaucoup Coluche, mes grand-père et oncle l’écoutaient tout le temps à la radio. Ses sketches étaient drôles et dénonçaient parfois des vérités pas toujours catholiques à entendre.

Sur les circonstances du tragique accident qui a coûté la vie à Coluche

J’ai lu le livre de Jean Depussé et Antoine Casubolo qui détaille avec précision les circonstances de la mort de Coluche. Le 19 juin 1986, l’humoriste circulait à moto avec deux amis sur une route des Alpes-Maritimes. Ils empruntaient une grande courbe vers la gauche, presque en ligne droite, lorsqu’un camion a soudainement coupé leur trajectoire.

Coluche, en tête du groupe, a percuté le véhicule de plein fouet sans avoir le temps de freiner. Bien qu’il ne roulât pas à grande vitesse, il ne portait pas de casque. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est probablement pas l’impact direct de sa tête contre le camion qui lui a été fatal, mais plutôt un traumatisme cervical violent, un « coup du lapin ».

Il est important de noter que, même si Coluche avait porté un casque, l’accident aurait probablement eu une issue tout aussi tragique en raison de la violence du choc et de la différence de masse entre la moto et le camion.

Coluche ne roulait pas vite

Il y a certes plusieurs zones d’ombre dans cette histoire, notamment les dépêches de l’AFP publiées tout de suite après l’accident, qui ne correspondaient pas aux circonstances exactes. En effet, elles affirmaient que Coluche roulait à vive allure, ce qui n’était pas le cas. Il faisait très chaud et Coluche et ses amis étaient en tenue d’été, portant des sandales ou des espadrilles. En tant que motard, on sait qu’il est compliqué de conduire avec de telles chaussures pour passer les vitesses ou freiner. Il est donc impossible d’imaginer que Coluche faisait une course effrénée en rentrant chez lui avec ses amis.

De plus, il ne portait pas son casque. Lorsqu’on ne porte pas de casque, on roule généralement moins vite pour profiter du vent. Rouler sans blouson ni protection est désagréable à cause des insectes. En tant que motard, je pense vraiment qu’il ne pouvait pas rouler vite et qu’il était plutôt détendu.

Coluche n’a pas anticipé que le camion puisse lui couper la route

Vu les circonstances, il a dû être extrêmement surpris par le camion qui lui a soudainement barré la route. Le livre sur la contre-enquête précise que le conducteur du camion, surveillant son rétroviseur pour voir si un véhicule n’arrivait pas derrière lui avec intention de le dépasser, n’avait pas vu les motos et avait tourné brusquement pour s’engager sur un terrain vague sans mettre son clignotant. C’est à ce moment que l’accident s’est produit.

Le livre parle d’autres circonstances et témoignages, mais malheureusement, il n’y a aucune preuve, et pas d’autres témoignages que les deux amis de Coluche qui roulaient quelques mètres derrière lui. Sans preuve, il est compliqué d’avoir un avis juste et équitable.

À l’époque, je me souviens qu’il y avait une tension palpable entre Coluche et le gouvernement. François Mitterrand était très attaché à son poste de président en préparant sa réélection pour 1988, et Coluche avait promis de faire des révélations dans son spectacle au Zénith en septembre 1986, notamment sur la fille cachée de Mitterrand, Mazarine Pingeot.

Au début de sa carrière, Coluche était juste un trublion, il faisait des sketches et faisait rire avec son nez de clown. Ce n’est qu’à partir de sa candidature aux élections présidentielles de 1981 que le ton à commencé à monter. Ensuite je me souviens de son faux mariage avec Thierry le Luron en septembre 1985. Quelle blague !

Est-ce que cela suffit comme raison pour supprimer une personne ? Même s’il y avait eu des tentatives d’intimidation – Coluche avait déjà reçu des menaces et des avertissements après l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 1981 – je n’arrive pas à imaginer que sur des suppositions, des projets; on ait pu anticiper et vouloir le faire disparaître.

En l’absence de preuves sérieuses, il est difficile d’y croire. Tous les protagonistes sont soit muets, soit décédés. Est-ce la preuve du complot ? Malheureusement, il faut en rester là et accepter la triste et fatale évidence.

Hommage en images à Coluche

Comme je le disais, j’aimais beaucoup Coluche. Pour tous ses sketches et son humour décapant depuis ses débuts. Et aussi, pour son interprétation magistrale du pompiste dans Tchao pantin sorti en 1983, que je me souviens avoir redécouvert en décembre 1995. Pour lui rendre hommage ici, et perdurer sa mémoire, je me suis rendu sur sa tombe pour me recueillir en pensant à lui. Et j’ai rapporté quelques images de cette visite au cimetière de Montrouge.

Xavier Derégel : "l'appareil ne fait pas le photographe"
Xavier Derégel : "l'appareil ne fait pas le photographe"

Xavier est photographe passionné, et aussi webmaster éditorial certifié®, directeur artistique et consultant web

Il est spécialisé dans la création de belles photos argentiques et numériques en mode 20% d'astuces pour 80% de résultat. Xavier donne aussi des conseils gratuits, écrit des livres, coache et enseigne les clés pour (r)éveiller le photographe qui sommeille en vous. Indépendamment de votre appareil photo. La photo c’est son quotidien.